Article publié sur le site 20minutes.fr – Publié le 2 juillet 2025.
On souffle • Le brasseur d’air installé au plafond est utilisé dans de nombreux pays et dans les territoires ultramarins. En France métropolitaine, le dispositif a été longtemps délaissé
L’essentiel
- Aux Etats-Unis ou dans les territoires ultramarins, les ventilateurs de plafond sont largement utilisés.
- En France, culturellement, l’image du dispositif reste désuète et associée à une idée de « climatisation du pauvre ».
- Pourtant, les brasseurs d’air, plus écologiques et économiques, tendent à faire leurs retours, encouragés par les nouvelles normes de construction.
L’image est un classique du cinéma. Un bar au Texas ou une véranda sous les tropiques, une température torride et un ventilateur qui tourne au plafond, avec sa chaînette et ses pâles en métal. Une vision un peu kitsch d’un dispositif pourtant largement répandu dans de nombreux pays du monde, notamment en Asie du Sud-Est, mais aussi aux Etats-Unis, avec un taux d’utilisation supérieur à 60 %. En France métropolitaine, les brasseurs d’air sont moins présents. Pourquoi ?
« C’est très culturel, pose Patrice Wolff, dirigeant de l’entreprise Turbobrise et trésorier de l’Association française des professionnels des ventilateurs de plafond (AFPVP). Chez certaines personnes, il y a l’image un peu désuète du ventilateur de mauvaise qualité, qui fait du bruit… » Et d’ajouter : « En métropole, on est passé d’une situation où on n’avait rien, on ouvrait juste les fenêtres, à une situation d’enfant gâté où on a sauté sur la climatisation. » « La clim était un marqueur social, tandis que le ventilateur, considéré comme “la clim du pauvre”, faisait pâle figure à côté », abonde Claude Pichegru, gérant de l’entreprise Guibb et secrétaire de l’association.
Une solution ultramarine
Toute la France s’est détournée du ventilateur de plafond ? Dans les territoires ultramarins, la réalité est tout autre : le taux d’utilisation s’élève entre 30 et 40 %, selon l’AFPVP. En effet, les départements d’outre-mer sont des zones non interconnectées électriquement, c’est-à-dire qu’elles n’échangent pas d’électricité avec l’extérieur. La nécessité d’économiser l’énergie est d’autant plus importante.
« Le come-back des brasseurs d’air en Europe, en France a été largement impulsé par le travail fait dans les départements et territoires d’outre-mer », rappelle Robert Célaire, ingénieur bioclimaticien, qui pointe le rôle des « lobbies de la climatisation » comme un des facteurs de la faible diffusion des brasseurs d’air. Il est le coauteur d’un guide complet sur le sujet, qui détaille notamment la nécessité d’intégrer le brasseur d’air dans une construction totalement pensée pour s’adapter au climat. « On est dans une aliénation énergétique : les bâtiments sont mal conçus, alors on est obligé d’appuyer sur le bouton du chauffage en hiver et sur celui de la climatisation en été », déplore-t-il.
Depuis plusieurs années, il collabore avec des architectes pour élaborer des constructions bioclimatiques, équipées notamment de ventilateurs de plafond en même temps que des volets, par exemple, pour limiter les rayons du soleil. « Beaucoup de projets se montent avec des brasseurs d’air uniquement, ou en complément de la climatisation. Au sein du nouvel hôtel de police de Cayenne, en Guyane, par exemple, certains policiers ne voulaient pas de climatisation donc les bureaux sont équipés des deux dispositifs », explique-t-il.
Nouvelles normes
Avec l’émergence de la notion de « confort d’été », face à l’intensité et à la récurrence des périodes de fortes chaleurs, le brasseur d’air tend à faire son retour. Son installation est encouragée par la « RE 2020 », la nouvelle réglementation énergétique et environnementale qui concerne l’ensemble des constructions neuves. Et depuis le mois de décembre, les « brasseurs d’air plafonniers fixes » bénéficient d’un taux de TVA réduit à 5,5 %.
« Les choses bougent, même si on part de loin. On équipe désormais de nombreux logements collectifs, des Ehpad, des crèches, des mairies, des écoles… indique Pierre Lacarrière, président de l’AFPVP. Tout le monde est à la recherche de solution moins énergivore. Le ventilateur de plafond, seul ou en combinaison avec la climatisation, est capable d’apporter une solution. » Sur l’arc méditerranéen ou sur un axe Perpignan, Montpellier, Nice, les brasseurs d’air se retrouvent de plus en plus aux plafonds des logements construits par des promoteurs immobiliers.
Et les demandes s’étendent désormais à d’autres zones, de Rennes à Lyon, en passant par l’Ile-de-France, le Sud-Ouest ou encore l’Est, énumère le président de l’association. D’autant que les designs s’adaptent : pâle de bois style vintage, ventilateur connecté, arborant des LED… Un aspect esthétique qui participe à en faire « un outil un peu bobo, une alternative cool et écologique à la climatisation », souligne Robert Célaire.
« Les gens redécouvrent que le vélo en ville à la place de la voiture, c’est une évidence écologique. Le ventilateur de plafond, c’est un peu la même chose : cela rend un service à un coût écologique, économique, sanitaire moindre, à condition que le bâtiment soit adapté. Mais parfois, il faut beaucoup de temps pour que l’évidence arrive au goût du jour », souligne l’ingénieur.
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